Les « idées préconçues » du métier d’être parent – 2EME PARTIE

Début avril 2024 nous avons démarré avec une nouvelle série de blogues qui fait la part des choses et analyse les « idées préconçues » qui influencent le fait de « devenir parent ».

C’était dans l’année 2023 que les médias écrits se sont intéressés, de manière bien ciblée, aux thèmes autour de l’éducation des enfants et du fait de devenir parent. Ce n’est pas seulement dans « Le Temps » ou dans le magazine « Fritz+Fränzi » que ces sujets ont fait la une, mais aussi chez « Le Matin » et « 24 heures ». Le métier d’éduquer ne se limite pas aux quatre murs d’un foyer quelconque. Ce rôle social – en tant que « mère » ou « père » – transcende les frontières du noyau familial pour devenir un enjeu d’envergure au niveau sociétal. Voila là le vrai impact des adultes censés mener à bon port tout enfant sous leurs tutelles…

La société évolue et se fusionne, les cultures s’en mêlent, les modèles sont remplacés. Rien de plus normal que la parentalité – et la manière de la vivre – suivent ces mouvements ; et que les repères se trouvent parfois bouleversés. En tout cas « en apparence » …

« D'abord le travail, après le plaisir », « L'ordre simplifie la vie », « Il faut qu'il y ait une punition ». Ces dictons contiennent des mythes parentaux qui façonnent souvent le comportement des parents, plus que nous ne le pensons – et différemment que nous le souhaitons. Les générations changent, ces références survivent. Mais, est-ce quelles sont, en soi, « consistantes », voire vraiment « vraies » ?!...

Hélas, comment faire alors « pour faire bien » ?!.. Depuis des générations, les adultes ont essayé, consciemment ou inconsciemment, de « trouver la formule », « les secrets d’une éducation réussite ». C’est une grande partie de ces inquiétudes et désirs de « vérité » qui sont nés, dans chaque culture de cette planète, « des mythes éducatifs ».

Voici donc la suite de ces « idées-croyances-repères éducatives » qui nous façonnent :

 

4. « Il n’existe pas d’éducation adéquate » – vrai ou faux ?
Je dirais plutôt qu'il n'y a plus de consensus dans notre société « diverse » sur ce qu'est une « bonne parentalité ». Autrefois, c'était clair : les enfants sont de petits « verres vides » qui doivent être « remplis de recettes à suivre » ; p. ex. obéir – soit par soumission, pouvoir ou rigueur. Cette idée absolue et claire n’est plus si répandue aujourd’hui dans nos coins. Pour les parents, cela signifie : ils doivent questionner, se questionner et réfléchir davantage – pour trouver leur propre chemin. Cela crée davantage d’incertitude. Un paradigme central pour tout parent ?!.. Oui, il existe. Et c’est de trouver des soi-disant « méta-valeurs », auxquels tout adulte devrait s’engager, par exemple à « éduquer sans violence ».

Cela dit : Tous les enfants ont, à vrai dire, les mêmes besoins psychologiques fondamentaux. Tous les parents souhaitez établir des relations fiables. Nous tous avons besoin de sécurité, de reconnaissance, d’appréciation et d’orientation. Notre vie avec les enfants doit donc être conçue pour tenir compte de ces besoins « réciproques » au sein du système famille.

Il n’existe donc pas « une seule bonne façon d’élever des enfants ». Hélas, il existe certainement des méta-valeurs et des objectifs communs qui devraient être atteints en matière d’éducation – pour un développement sain, aux niveaux personnel et social.

 

5. « Après l'effort, le réconfort » – vrai ou faux ?
De nombreux adultes vivent selon cette devise. Ils et elles « ont été éduquées comme ça »... C'est pour cela qu’ils disent, en tant que parents, à leurs enfants : « D'abord tous les devoirs, après la pause et le jeu ». Cette approche « radicale » peut s’avérer problématique pour plusieurs raisons.

Tout d'abord, cela pourrait signifier que le travail n’est pas un plaisir ou qu’il est ne peut pas être réjouissant. Cela peut aussi vouloir dire que le travail c’est le contraire du plaisir. Une manière plus constructive d’éduquer serait de mener nos enfants à trouver du plaisir, p. ex. dans le fait d’apprendre, dans toute activité sportive qui mérite p. ex. de s’entrainer, de surmonter ses propres limites. Des exemples de ces injonctions « dichotomiques ? Il y en a plein : « faire sa chambre », « ranger ses jouets » etc. etc.

Une « question centrale » serait alors : Dois-je toujours terminer toutes mes tâches avant de pouvoir me reposer ou me faire un plaisir ? Cette attitude conduit de nombreux adultes à l’épuisement. Il faudrait donc « trouver le juste milieu » !

 

6. « L'ordre simplifie la vie » – vrai ou faux ?
Dans le passé la société était beaucoup plus rigoureuse par rapport à des critères d’ordre « pour tout le monde ». Il fallait tout simplement se conformer. Faire avec. On devait faire avec. Impérativement. Plein d’exemples : à l’école, à la maison, à l’heure de manger, à l’heure de ranger ceci ou cela…

La place à la « flexibilité et créativité » n’était pas au centre de toute action éducative. Le moule éducatif était à la mode, c’était la règle : « Une place pour chaque chose, chaque chose à sa place » !

Aujourd’hui le monde a changé, la société s’est mixée. Le développement « individualisé » de tout enfant est au centre de toute instance éducative.

Oui, c’est vrai : chacun a ses propres critères d'ordre, chacun perçoit un état différent comme étant « ordonné ». Bien sûr, cela peut entraîner des conflits, notamment au sein des familles. Et il faut certainement un regard critique pour que tous les membres d'un foyer puissent se sentir à l'aise.

Quand il s’agit par exemple de ranger, cela signifie aussi : se parler, se respecter mutuellement et faire preuve de tolérance.

Voilà la fin de ce deuxième volet. Nous espérons que ces « idées préconçues », précieuses surtout parce qu’elles nous font y réfléchir, vous ont inspiré.es. A la prochaine pour le troisième et dernier volet !

 

Jorge Montoya-Romani
Secrétaire général pour la Romandie

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