Durant les mois d’avril et juin 2024, nous avons pu proposer à nos lecteurs et lectrices une nouvelle série de blogues qui fait la part des choses et analyse les « idées préconçues » qui influencent le fait de « devenir parent ». Les feedbacks reçus nous encouragent, sans aucun doute, à conclure maintenant, vers la fin août, avec cette série, à la fois intéressante et amusante.
Comme déjà mentionné les fois passées, le métier d’éduquer ne se limite pas aux quatre murs d’un foyer quelconque. Ce rôle social – en tant que « mère » ou « père » – transcende les frontières du noyau familial pour devenir un enjeu d’envergure au niveau sociétal. Voila là le vrai impact des adultes censés de mener à bon port tout enfant sous leurs tutelles.
La « diversité » est partout : Elle pousse la société à évoluer, à se fusionner. Les cultures s’en mêlent, les modèles sont remplacés. Rien de plus normal que la parentalité – et la manière de la vivre – suivent ces mouvements et que les repères se trouvent parfois bouleversés. En tout cas « en apparence ».
En fait, la question de fond reste la même : « Comment faire alors pour faire bien en éducation » ?!.. Depuis des générations, les adultes ont essayé, consciemment ou inconsciemment, de trouver la formule, les soi-disant « secrets d’une éducation réussite ». C’est une grande partie de ces inquiétudes et désirs de « vérité » qui sont nés, dans chaque culture de cette planète, des « mythes éducatifs ».
Voici, enfin, la dernière partie de cette série sur les « idées-croyances-repères éducatives » qui nous façonnent toujours et encore :
7. « Tout ce qui est mis dans l'assiette doit être mangé » – vrai ou faux ?
« Mange ton assiette vide ! Vas-y, tu peux au moins faire un petit effort ! Les légumes, tu les manges mainte-
nant ! ». De telles phrases nous échappent souvent des lèvres. Hélas, il vaudrait mieux les éviter. Parce qu’elles se réfèrent à une époque où les gens étaient encore heureux de pouvoir « avoir un minimum à manger ».
Aujourd’hui, cependant, la plupart des habitants des pays dit « industrialisés » ne souffrent plus de faim, mais vivent plutôt dans l’abondance. Si vous n’écoutez pas votre sentiment intérieur de satiété, vous aurez rapidement un problème de surpoids. Chez les enfants, encore à basse âge, cette sensation de satiété est généralement encore bien développée – à condition que vous les laissiez décider eux-mêmes quand arrêter de manger. Et si les légumes restent dans l’assiette, qu’il en soit ainsi.
Nous savons, grâce aux dernières études sur ces thématiques, que plus de la moitié des enfants, à certaines étapes de leur vie, sont dits « difficiles à manger » (en anglais picky eaters). Cela signifie qu’ils sont très exigeants en matière d’alimentation et, surtout, qu’ils sont très réticents par rapport « aux choses nouvelles » (nouveaux aliments). Si les parents choisissent, malgré tout, la voie de faire pression, cette « méfiance envers les nouveaux aliments » aura alors tendance à se renforcer et à persister plus longtemps. En revanche, si les enfants ont le choix et ne sont pas obligés de se forcer à manger des fruits et des légumes, alors il est fort probable que un jour ou l’autre ils finiront par les goûter. Au plus tard à l’âge adulte, ils mangeront souvent tout ce qu’ils auront dans leurs assiettes…
8. « Les devoirs ne relèvent pas de la responsabilité des parents » – vrai ou faux ?
En principe, je trouve l’idée de fond de cette phrase correcte. Tout enfant aurait une soi-disant « égalité des chances » que si les devoirs n’étaient que la responsabilité de l'enfant et de l'école. Ou s'ils étaient abolis complétement (!).
En réalité, plus de 90 pour cent de tous les parents aident aux devoirs. Au fond, ceci est tout à fait compréhensible car tous les parents souhaitent soutenir leurs propres enfants et leur offrir le meilleur départ possible vers l’avenir : apprentissages scolaires, savoir général, profession, etc. Il est donc à constater que certains enfants ont l’avantage sur d’autres, ceci par rapport aux devoirs scolaires – surtout ceux/celles de parents ayant fait des études académiques.
Ces dernières idées énoncées sont aussi confirmées dans des études récentes ayant trait à ces thématiques. Le gain majeur des « enfants aidés » ? Ce n’est pas l’aide concrète donnée qui joue le rôle le plus décisif, mais plutôt et avant tout « l'intérêt des parents pour les matières scolaires » !
S’intéresser et leur donner un bon endroit et une bonne structure pour leurs devoirs. Être là, à disposition, si jamais ils ont des questions. Les encourager à donner de leur mieux. Parfois, il suffit de demander : « Que t’a expliqué ta prof ? As-tu déjà réalisé une tâche similaire ? Qui dans ta classe pourrait en savoir plus à ce sujet ? »
Voici alors comment les parents peuvent « s’en mêler des devoirs scolaires ». Hélas, si les parents s’impliquent trop et aident trop, cela pourrait avoir un impact négatif sur les performances et la motivation.
9. « Les parents doivent se serrer les coudes » – vrai ou faux ?
Il est certainement utile que les parents se mettent d’accord sur « un cadre approximatif » pour élever leurs enfants et poursuivent ensemble les grands objectifs.
« Quelles valeurs sont importantes pour nous ? Comment voulons-nous y parvenir ? », etc. Tant de questions pertinentes ! Il faut donc en parler sereinement, d'autant plus que les deux parents ont souvent grandi avec des styles éducatifs différents. Mais dans la vie de tous les jours, dans des situations individuelles, les parents ne sont pas toujours obligés et ne peuvent pas toujours se mettre d'accord.
En fait, les enfants s’en sortent bien avec cette « diversité des styles éducatifs ». Hélas, cela suppose que l’enfant puisse vraiment percevoir lequel des parents tire réellement sur la corde ; à savoir « sur quelle corde » : Qui est responsable de me mettre au lit ? Qui me motive à ranger ma chambre ? Qui m’appuie davantage dans mes apprentissages ? », etc. Cette clarté, quant à savoir « qui est aux commandes », fait souvent défaut dans la vie de tous les jours.
Je pense que de nombreuses familles connaissent le gendre de situation suivante où en étant seul, en tant que père ou mère, les choses se passent tout d’un coup « beaucoup mieux que d'habitude » – précisément parce que les enfants savent clairement qui est aux commandes. Et surtout quand l’autre parent prendre du recul ;-). Le plus souvent ce sont les mères qui aimeraient que les pères assument davantage de responsabilités. Hélas, elles veulent ensuite « dicter à quoi cela devrait ressembler ». D’habitude cela ne marche pas, car le père ne peut pas se comporter ainsi de manière authentique. Si vous avez une opinion différente de celle de votre partenaire, vous pourrez en parler plus tard – sans les enfants : se mettre d’accord, se coordonner. En fait, « se donner sa place », en respectant la place de l’autre. Bon vent !
Voilà la fin de cette série à trois volets. Nous espérons que ces « idées préconçues », précieuses surtout parce qu’elles nous font y réfléchir, vous ont inspiré.es. Le « métier d’être parent » est un terrain à cultiver. Il est rempli de taches ardues. Mais si l’on travaille bien la terre, les fruits et légumes seront à la hauteur de nos efforts !
Jorge Montoya-Romani
Secrétaire général pour la Romandie